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Chroniques
Sergueï Rachmaninov – Piotr Tchaïkovski
sept pièces pour piano seul – Concerto pour piano Op.23 n°1
Nous avons pu écouter, ces derniers mois, plusieurs nouveaux enregistrements du Concerto Op.23 n°1 de Piotr Illich Tchaïkovski. La version que propose aujourd'hui Sony réunit l'Orchestre Philharmonique de Berlin autour d'Arcadi Volodos et sous la baguette de Seiji Ozawa ; cela laisse augurer une interprétation prometteuse. Cependant, l'exécution n'en est pas si idyllique qu'on pourrait le croire. Certes, la prestigieuse formation allemande s'y montre égale à elle-même et à sa réputation ; les passages solistes sont tout simplement somptueux, et l'on signalera principalement les bois qui arborent une sonorité extraordinaire. En même temps, c'est un grand danger pour un chef d'avoir entre les mains l'un des meilleurs orchestres du monde, constitué de musiciens de très haut niveau et qui font exactement et parfaitement ce qu'on leur demande. Du coup, ce sont bien avant toute chose les choix du chef que l'on entend, et les choix d'Ozawa, malheureusement, ne sont pas toujours heureux.
La fougue sentimentale avec laquelle Volodos aborde le fameux concerto n'est pas non plus d'un goût très certain. Le résultat est une version assez chaotique de cette page, idéale pour accompagner un film anglais mélodramatique des années quarante, avec départ de trains, larmes contenues, évanouissements, et tout le tremblement. L'exagération définira le mieux le caractère de cette lecture, truffée d'effets, de rubati, de contrastes surjoués, etc. C'est à la fois sirupeux et larmoyant. L'on goûte, au delà de ce cabotinage, les grands moyens techniques et sonores du pianiste, surtout dans l'Allegro con fuoco. L'idéal serait de réunir les qualités des trois disques que je vous ai présentés ces derniers temps ; ainsi, l'on rêvera que Hugues Reiner dirige le Berliner Philharmoniker pour accompagner Olga Kern... mais ce n'est qu'un rêve.
En revanche, ce disque offre en complément de programme sept pièces pour piano seul de Sergueï Rachmaninov. Avec elles, on retrouve un immense artiste, nuançant merveilleusement cette musique, l'articulant comme personne. A-t-on déjà entendu le Moment musical Op.16 n°2 joué si divinement ? Arcadi Volodos a choisi de donner également l'Esquisse orientale qui reste assez rare. Il tisse sur ces pages une sonorité extrêmement travaillée, bénéficiant d'autant de délicatesse et de discernement que de souffle et de cohérence.
BB