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Chroniques
Léo Delibes
Sylvia
Créé en 1876 au Palais Garnier, dans la chorégraphie de Louis Mérante pour la musique de Léo Delibes, Sylvia marque l'abandon du ballet romantique ; avec lui, celui de la danseuse fée qui laisse place à l'amazone. Dans une distribution d'un grand luxe, cette représentation enregistrée l'année dernière à l'Opéra Bastille reprend la relecture de John Neumeier.
Sylvia (Aurélie Dupont), nymphe de Diane (Marie-Agnès Gillot) est vouée à la chasteté. Elle défie Eros (Nicolas Le Riche) et repousse l'amour que lui porte le berger Aminta (Manuel Legris). Par mégarde, elle blesse ce dernier d'une flèche et finit par éprouver du regret, voire de l'attendrissement. C'est alors qu'elle est enlevée par le chasseur Orion (de nouveau Le Riche). Guéri par un sorcier, Aminta part à la recherche de sa dulcinée, désormais retenue prisonnière dans la grotte d'Orion. Grâce à Eros qui l'aide à s'échapper, elle rejoint le berger, enflammant la colère de Diane qui veut la châtier de son écart. Eros lui rappelle alors son affection pour Endymion (José Martinez). Ainsi, Diane finira par accepter cette union. Dans cette histoire intemporelle, la jeune guerrière Sylvia a du mal à trouver un juste équilibre entre sa force et sa part de fragilité.
Inspirée de la symphonie poétique et sensuelle de Léo Delibes, la chorégraphie reprend la fable mythologique de Sylvia et d'Aminta, et se situe à mi-chemin entre Antiquité et modernité, entre monde onirique et réalité. Ainsi, les pas de deux comme les variations sont une osmose parfaite de la technique classique sans pantomime et du style moderne.
Du côté des danseurs étoiles, Manuel Legris est exemplaire dans le rôle d'Aminta ; plus fougueux que jamais, il est surtout très émouvant, sans en faire trop pour autant. Quant à lui, José Martinez est un partenaire très attentionné pour Sylvia. Dans son double rôle d'Eros-Orion, Nicolas Le Riche reste, comme toujours, exceptionnel. Quand bien même Aurélie Dupont assure une qualité technique et une interprétation toute en nuance et élégance, elle semble au début du ballet un peu en retrait ; puis très présente, dans la célèbre scène des pizzicati.
Marie-Agnès Gillot, rayonnante une fois encore, était très en forme ce soir-là : on ne peut manquer sa souplesse, son athlétisme, dignes du rôle de Diane qui lui va comme un gant. Le moment fort du ballet demeure son grand pas de deux avec Endymion. Ces belles minutes de romance d'une grande justesse donnent la chair de poule. Dans le Deuxième acte, cependant, la scène de bal n'est pas toujours dansée en rythme par le corps de ballet. Le spectateur posera son regard sur les jolies robes de soirée et les smokings crées par Yannis Kokkos et savamment mis en valeur par les jeux de lumières.
MS