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Chroniques
J.S. Bach / A. Schönberg – Anton Bruckner
Prélude et Fugue BWV 552 – Symphonie n°6
La Symphonie en la majeur n°6 d'Anton Bruckner s'impose peu à peu au programme de disques isolés, alors que pendant longtemps son enregistrement dépendait uniquement d'intégrales. Si Kent Nagano vient d'en livrer une interprétation superlative [lire notre critique du CD], en attendant l'édition d'un live de Bernard Haitink à Dresde, il faut se frotter les mains de la publication de cette version de Michael Gielen. Grand connaisseur de la musique du XXe siècle, ce chef fréquente également avec assiduité les grandes fresques symphoniques. En matière de Bruckner, son bagage impose le respect : pour le défunt label Interecord, il grava quelques symphonies dont une belle Septième, et il a consacré, chez son actuel éditeur Hänssler, deux volumes aux symphonies du maître de Saint-Florian. Si l'on peut aisément passer sur une Troisième manquant de volontarisme, il en va tout autrement d'un enregistrement magistral de la Huitième avec son fidèle SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg.
D'emblée, cette version frappe par la clarté et la limpidité des textures : les moindres nuances et les plus petites notes sont audibles. Gielen insiste sur la logique de l'œuvre, l'imbrication des thèmes et le jeu des dynamiques. Le premier mouvement, mené de main de maître, place la barre très haut. On redescend malheureusement d'un cran avec un Adagio très fin mais, hélas, peu habité. Le Scherzo est bien conduit, puissant et bourru, tandis que le dernier mouvement est imposant mais conquérant. L'orchestre allemand ne possède pas les timbres idoines des grandes phalanges brucknériennes germaniques, mais son habitude de fréquenter la musique contemporaine lui offre des teintes claires et étincelantes qui s'accordent à la vision du chef. Sans s'imposer comme une référence absolue, ce disque est un jalon discographique digne d'éloges.
En complément, les musiciens nous offrent la spectaculaire et colorée orchestration par Arnold Schönberg du Prélude et Fugue BWV 552 de Bach. Il semble impossible de trouver partition plus contrastée car, à la rigueur monacale de Bruckner, répond ici l'exotisme prismatique de Schönberg. Sans démériter, cette interprétation un peu carrée ne connaît pas la démesure insufflée par Esa-Pekka Salonen et ses musiciens du Los Angeles Philharmonic (Sony).
PJT