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Chroniques
Giulio Caccini
L'Euridice | Eurydice
Né en 1551 près de Rome, à Tivoli, Giulio Caccini se fait d'abord remarquer par son talent de chanteur à la Capella Giulia. Quittant cette dernière à la puberté, il se rend à la Cour de Florence où il accompagne sa douce voix de ténor du chitarrone, de la harpe ou du luth, et donne des cours. En 1602, avec femme et filles, il crée le Concerto Caccini qui sera invité plus d'une fois à Paris. Grâce à certains textes publiés – Le Nuove Musiche (1602), Nuove Musiche e nuova maniera di scriverle (1614), etc. –, on connaît bien la technique vocale qu'il enseigne et sa volonté de servir au mieux le texte. Pour lui, le rôle de la musique n'est que de souligner l'émotion des paroles, et l'interprète doit toucher l'auditeur en usant de la sprezzatura (expression proche de la parole naturelle). Ses enfants continuent de faire vivre son nom quand lui-même disparaît peu à peu de la scène, avant de s'éteindre en 1618.
Composé à l'occasion du mariage de Marie de Médicis avec Henri de Navarre, L'Euridice voit le jour en 1600, empreint de clair-obscur et de baroque naissant. La mise en musique du livret d'Ottavio Rinuccini laisse entrevoir une lecture allégorique du célèbre mythe que reprendra Monteverdi : un mariage arrangé nécessaire pour le maintien de la paix, qui explique le manque de complicité du couple vedette. Le récitatif prédomine dans ces trois actes où les monologues alternent subtilement avec les duettos ou les scènes à plusieurs.
Le premier opéra jamais imprimé fait ici l'objet de son premier enregistrement mondial, sous la direction de Nicholas Achten – qui assure également la partie de théorbe, au sein de Scherzi musicali. L'héritage madrigaliste est tendrement respecté. Si quelques dérapages et ornements laborieux apparaissent ici et là, la distribution vocale s'avère équilibrée, notamment par l'omniprésence de timbres chaleureux et ronds.
SM