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Chroniques
Dimitri Yanov-Yanovsky
œuvres variées
Né en 1963 à Taschkent (Ouzbékistan), diplômé du Conservatoire de cette ville, Dimitri Yanov-Yanovsky suit également l'enseignement de son propre père, de Poul Ruders, d'Edison Denisov, d'Alfred Schnittke et celui des professeurs de l'Ircam durant un été. Connu principalement pour ses musiques de film (plus d'une vingtaine) et de scène, c'est un créateur d'atmosphères subtiles autant qu'intemporelles, sa modernité se voulant discrète.
Ed Spanjaard et le Niew Ensemble ont créé Twilight Music à Utrecht, le 4 mars 2004. Ce mouvement unique, qui convoque une douzaine d'instruments (surtout des vents et des cordes), doit son inspiration à l'œuvre du peintre et cinéaste ouzbek Sergeï Alibekov. Sorte de rondo dans lequel chaque nouvel épisode combine et synthétise les précédents, sa structure puise dans la musique traditionnelle.
Écrites en septembre 2002, les Six valses perdues de Chopin sont dédiées à chacun des membres de la famille Sayer, chez qui le compositeur a passé de délicieux moments, durant un voyage aux États-Unis. « Les plus jeunes de leur quatre enfants prenaient alors leurs premières leçons de musique, et j'ai eu envie de composer pour eux un court cycle de pièces faciles à quatre mains. » À partir des premières mesures d'œuvres de Chopin aujourd'hui disparues, que sa sœur avait recopiées comme index de catalogue, Yanov-Yanovsky s'est amusé à reconstruire ces pièces, sans chercher le pastiche mais plus en mettant en relief les idiomes typiques de cette musique romantique. Mikhail Dubov et Mona Khaba livrent avec la tendre complicité qui convient ce charmant recueil.
C'est le mezzo-soprano Sylvia Marini Vadimova qui, le 12 janvier 2004, avec l'Ensemble 2e2m, a créé Insomnia – pour flûte, clarinette, piano, violon, alto et violoncelle. Anna Guzaïrova interprète ici les poèmes (en majorité de 1916) de Marina Tsvetaïeva : « Puisse la voix chanter mon désespoir, moi qui suis comme un coquillage dans lequel l'océan n'a jamais pu entrer ». L'ambiance de ces cinq parties est résolument nocturne, la voix sombre de la chanteuse s'ajoutant à une musique feutrée, inquiète voire tourmentée – sauf la troisième peut-être, peuplée de buveurs éclairés à la bougie.
Composé en 2003 pour le London Sinfonietta, Notturno, pour ensemble de chambre et bande magnétique, a été créé à Glasgow le 8 mai 2003. Pour son créateur, c'est une sorte de berceuse, sans climax, « la musique évoluant plutôt dans les profondeurs, en ouvrant de nouvelles perspectives avant de se développer horizontalement ». Pour garder la métaphore aquatique, le calme de ce morceau est celui d'une barque agitée de temps à autre par de fines vaguelettes scintillant sous la lune...
Retour au rondo, avec Hearing Solution, pour violoncelle et ensemble de chambre (2002), qui trouve son origine dans une usine Siemens (marque commanditaire de l'œuvre) fabricant des appareils auditifs pour personnes souffrant de surdité. « Je me suis alors demandé comment évoquer son activité dans mon travail de composition. [...] J'ai immédiatement établi des correspondances, purement musicales, allant de Beethoven à Cage, et développé l'idée dramatique de l'œuvre en même temps que sa structure ». Le violoncelle solo de Nikolaï Solonovitch domine cette œuvre oscillant entre tension et introspection, qui rappelle d'autres ambiances du disque – un lyrisme des cordes et le martèlement de deux percussionnistes en sus.
LB