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Parfois, la recette prend, d'autres non. Ce sont des choses qui arrivent... De prime abord, on serait plutôt favorablement surpris, voire séduit, par un casting prometteur. Mais à l'écoute, les ingrédients ne sont pas toujours utilisés comme il le faudrait, et le dosage n'est pas idéal. Que dire de la froide Musique de Natalie Dessay, par exemple ? Peut-on s'adapter à d'énormes différences de style entre Patrizia Ciofi (Euridice) et Alice Coote (Messagère) ? Sans passer en revue les mauvaises idées de cette distribution vocale, on retiendra positivement les belles prestations de Véronique Gens en Proserpine, et surtout de l'excellente Espérance de Sonia Prina, exquisément excessive. Signalons également l'intervention de Paul Agnew en Echo.

Emmanuelle Haïm propose une lecture peu convaincante de L'Orfeo. Elle semble hésiter entre plusieurs directions, opte ici pour le cahier madrigalesque, là pour l'opéra, parfois pour la cantate dramatique, et ne parvient pas à se décider. Le résultat est déroutant, il fallait s'y attendre, et peut-être même chaotique. Dans le détail, les instruments s'adonnent systématiquement à des exagérations qui rappellent désagréablement les essais assez radicaux des débuts de la redécouverte du répertoire baroque. À contre-courant de nombreux confrères qui ont su tirer les leçons des pionniers tout en assouplissant leur travail, Haïm semble revendiquer une sorte de sècheresse qui la dessert. En revanche, les ensembles vocaux sont magnifiquement réalisés. On se souvient d'un Dido and Æneas d'une autre qualité...

Cela va sans dire : cette nouvelle version de L'Orfeo ne détrônera certes pas celle de Gabriel Garrido (chez K617), pour moi LA référence absolue.

HK