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Chroniques
archives Hilde Gueden
airs d’opérette viennoise
Decca nous propose une première livraison de six volumes de la collection Classic Recitals, jadis parue en microsillons au cours des années soixante et soixante-dix – Renata Tebaldi et Franco Corelli [lire notre critique du CD], Carlo Bergonzi [lire notre critique du CD], etc. À cette époque, l'éditeur londonien était mondialement reconnu pour la qualité exceptionnelle de ses prises de son et de ses techniques d'avant-garde. Leur report en CD, particulièrement soigné, permet encore de le constater. Ces enregistrements sont en effet d'une clarté et d'un équilibre incroyables et sans aucune saturation des extrêmes, à l'exception du disque des Duos. De plus, la firme propose l'exacte reproduction des pochettes et des textes d'origine, ce qui donne à ces premiers volumes un certain côté kitch, plutôt amusant ; ce qui l'est moins, c'est la quasi impossibilité à déchiffrer les textes d'origine (en anglais), tant leurs caractères sont petits. Déplorons encore la faible durée moyenne de ces CD – environ 40 minutes –, même pour une collection économique ! Mais arrêtons de bouder notre plaisir pour passer à l'écoute...
Hilde Gueden, fameuse Suzanne de l'enregistrement mythique d'Erich Kleiber des Nozze di Figaro de Mozart, est ici notre reine du cross-over. Son CD est entièrement consacré à un florilège d'airs fameux d'opérettes viennoises et c'est un vrai régal. Sachant admirablement doser sa voix de soprano léger pour en faire des coloratures idéales, elle nous présente un programme peu fréquenté par nos concitoyens, mais favori des Anglo-saxons. Qu'on se rassure, on se laisse entraîner sans effort par cette cure de gaîté et de fraîcheur, toujours de bon goût.
De mère italienne et de père hongrois, Hilde Guden est née à Vienne et fut une artiste particulièrement éclectique, aussi bien à l'aise dans Mozart et Richard Strauss que dans Johan Strauss et Franz Lehar. Il est vrai qu'elle avait débuté d'abord dans l'opérette en 1934. A partir de 1939, elle aborde à Zurich l'Opéra avec le rôle de Cherubino, puis viennent successivement Despina, Sophie, et Zerline. Plus tard, elle abordera même le répertoire contemporain avec Mahagonny (Weill), The Rape of Lucretia (Britten), The Rake's Progress (Stravinsky), etc.
Le programme qui nous est proposé ici est particulièrement varié et fait la part belle à Johann Strauss II, bien sûr, avec le chœur des nonnes de Casanova, le Mein Herr Marquis de Chauve-Souris et surtout un sublime Wiener blut. Franz Lehar, Emmerich Kalman, Oscar Strauss etRobert Stolz sont admirablement servis. Notre soprano viennoise a 44 ans au moment de l'enregistrement et, ce qui surprend et passionne, c'est qu'elle modèle chaque personnage de façon différente, donnant une grâce particulière à chacune des héroïnes, de la noblesse de la Comtesse Maritza à la simplicité canaille d'Adèle. Sans aucune lassitude, un disque à écouter et à réécouter les jours de pluie ou de spleen…
MS