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Chroniques
remise des Prix Lyriques de l’AROP à
Marianne Crebassa (mezzo-soprano) et Alexandre Duhamel (baryton)
Comme chaque année depuis 1998, l’Association pour le Rayonnement de l’Opéra national de Paris (AROP) décerne deux Prix Lyriques à deux éléments de l’Atelier Lyrique maison, dont ces pages relatent régulièrement l’activité. Le Salon Opéra du Grand Hôtel fête les élus du jour à travers un bref récital vocal qui, outre de faire entendre les talents des primés, permet également de faire connaissance avec les nouvelles recrues, dans le prolongement du récital donné le 20 octobre dernier aux Jeudis de Bastille.
À plusieurs reprises nous attirions votre attention sur un jeune mezzo-soprano originaire de Montpellier, qu’il s’exprime au sein des productions de l’Atelier [lire nos chroniques du 18 décembre 2010 et du 2 mai 2011] ou par ailleurs [lire notre chronique du 14 juillet 2010]. Ses grandes qualités n’échappèrent pas aux membres de l’AROP qui la distingue aujourd’hui de ce prix. Après la cérémonie et les discours, nous retrouvons Marianne Crebassa [photo] dans la Chanson triste de Duparc à laquelle elle prête une tendresse et une aura personnelles, puis dans Una voce poco fa (Rossini, Il barbiere di Siviglia) qu’elle nasalise juste ce qu’il faut pour en accentuer le « chien », livrant des vocalises d’une aisance confondante.
Puisque chaque saison compte sa chanteuse et son chanteur, c’est au baryton Alexandre Duhamel de lui aussi recevoir un prix, avant que de donner un Se vuol’ ballare (Mozart, Le nozze di Figaro) d’une écrasante théâtralité, auquel répondra, en fin de soirée, l’air L’orage s’est calmé extrait des Pêcheurs de perles (Bizet), plus sobrement servi.
Cinq jeunes voix forment le corps d’un récital ouvert et conclu par les lauréats, cinq élèves de l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris que son directeur, Christian Schirm, nous présente. Ainsi écoutons-nous le mezzo-soprano Anna Pennisi dans La clemenza di Tito (air de Sesto, Parto, parto) qui révèle un matériau riche, le ténor João Pedro Cabral dans un Ecco ridente in cielo (Rossini, Il barbiere di Siviglia) de saines souplesses et clartés, comme constatées en octobre dans l’air d’Idamante (Mozart, Idomeneo), Non ho colpa. Ce jeudi-là, nous découvrions un ténor des plus légers qui se puissent imaginer, Kévin Amiel, dans un extrait de Pagliacci (Leoncavallo) ; cette fois, c’est à Donizetti qu’il s’en remet, et au trop célèbre Una furtiva lagrima (L’elisir d’amore). Enfin, le soprano roumain Andrea Soare, à l’habileté fort incisive, s’impose par un Come scoglio de haute tenue (Mozart, Così fan’tutte).
C’est indéniablement le mezzo-soprano polonais Agata Schmidt, intervenant au centre de ce programme, qui retient sensiblement l’écoute. Nous apprécions le mois dernier son timbre chaleureux et une présence évidente dans un air d’Eugène Onéguine (Tchaïkovski) ; nous la retrouvons avec grand plaisir dans un Air des lettres (Massenet, Werther) à la puissante expressivité, le chant affirmant une onctuosité idéale dans ce répertoire. À suivre, assurément !
BB