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Chroniques
Nieuw Ensemble Amsterdam dirigé par Jürjen Hempel
Misato Mochizuki | Etheric Blueprint Trilogy
Née à Tokyo en 1969, Misato Mochizuki est l'une des grandes compositrices contemporaines. Musicienne éprise de culture, formée à l'aune des musiques allemandes, françaises et japonaises, ses œuvres présentent des kaléidoscopes de styles, oscillant de la modernité occidentale à l’inspiration traditionnelle extrême-orientale, qui se fondent sur la longueur du souffle à travers lequel l'esprit se manifeste, mais aussi aux paysages où l'homme évolue et aux éléments qui les constituent.
Ce superbe concert, donné dans le cadre du Festival d'Automne à Paris, présente Etheric Blueprint Trilogy de la créatrice japonaise, dont chaque volet est introduit, tel un gagaku (musique de danse de la cour impériale au temps médiéval), par deux sereins Choshi qui, jadis, avait pour mission de réveiller l'auditeur. Le triptyque de Mochizuki, dont les deux premiers volets sont purement acoustiques tandis que le troisième intègre des sonorités électroniques, s'ouvre sur 4D qui, composé en 2003, évoque le monde concret, en trois dimensions, auquel s'associe le monde invisible. Selon la compositrice, celui-ci fait tout autant partie du monde visible et agit sur ce que nous percevons.
Habité de sonorités aqueuses, le deuxième volet, Wise Water (conçu en 2002) s'inspire du livre Water Knows the Answer (L'Eau connaît la réponse) par lequel le chercheur Masaru Emoto démontre la capacité de l'eau à transcrire la mémoire des énergies minérales qu'elle traverse et accumule. Dans cette pièce, Mochizuki a introduit des instruments à eau qui lui permettent de faire circuler l'information entre les protagonistes de l'ensemble, à l'image du cycle des transformations de l'eau – gouttes, ondulations, condensations, évaporations.
Dernière page de la trilogie, Etheric Blueprint (2005-2006) renvoie d'abord à l'air, le plus subtil des éléments, qui opère la transition entre le visible et l'invisible et fait descendre les forces du feu dans le corps, par le biais de la respiration. Les trois autres éléments – eau, terre, feu – circulent tout au long de ces pages, mêlant ainsi l'Ether à la Terre, interactions évoquées par les sonorités électroniques
Somptueusement interprétée par le Nieuw Ensemble Amsterdam, soigneusement dirigée par Jürjen Hempel et habilement mise en lumière par Jean Kalman, la musique tout en dentelles fines et tendresse extatique de Misato Mochizuki se fond à la perfection aux deux paisibles airs de cour japonais pour sho (orgue a bouche), joué de façon onirique et virtuose par Mayumi Miyata.
BS