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Chroniques
Lilly, Micha et Sacha Maïski
Leonard Slatkin dirige l’Orchestre national de Lyon
Entre terre et mer étant la thématique choisie par la présente édition du célèbre festival des (superbes) montagnes helvétiques, la formation française, venue là avec son directeur musical, n’avait vraiment que l’embarras du choix en la matière, tant les compositeurs d’hier, d’avant-hier et d’aujourd’hui ont illustré le thème.
Sous l’étonnante coque temporaire installée au milieu des pâturages et bénéficiant d’une fort bonne acoustique, Meeresstille und glückliche Fahrt Op.27, ouverture en ré majeur de Felix Mendelssohn, ouvre la soirée – pas vraiment une partition inoubliable du jeune maître, ni vraiment une direction vivante et vibrante du maestro nord-américain, mais déjà la superbe musicalité où se mêlent panache et subtilité, élans et apaisements, que tout au long de la soirée va développer, embellir et faire fructifier l’Orchestre national de Lyon. Les cinq mouvements de la resplendissante Symphonie en mi bémol majeur Op.97 n°3 « Rhénane » de Robert Schumann en profitent, sous la baguette vive de Leonard Slatkin qui mène une lecture soignée, généreuse, développée à la perfection. Tous les pupitres répondent présents et communient en une véritable plénitude sonore qui plonge l’auditeur dans un bonheur total.
Mais auparavant (car il y a un mais…), ce même auditeur dut subir une interprétation quasiment surréaliste du difficile et peu joué Triple concerto en ut majeur Op.56 de Beethoven. À qui la faute ? à la médiocrité globale, collective, du trio de solistes réunis pour l’occasion (on se demande bien par qui et pourquoi). Non pas un trio, avec l’égalité, la complicité, la commune conception requises, mais une famille réunissant le père, le fils et la fille. Jadis jeune violoncelliste soviétique éblouissant, élève du fameux Mstislav Rostropovitch, grand héritier de la tradition russe en la matière (c’était au siècle dernier), le père accuse aujourd’hui un trait empâté ; l’archet s’est alourdi, la précision s’en est allée vers une justesse des plus aléatoires. Le piano que présente la fille – pour ne pas dire qu’elle assène – offre parfois quelques beaux éclats, mais vite phagocytés par un toucher dur et une rythmique monolithique. Seul le violon du fils offre épisodiquement des élans prometteurs qui trop vite se fondent dans le magma de ses coéquipiers. Ah, la famille ! – la faille Maïski, en l’occurrence. De son côté, Slatkin tente de limiter les dégâts à la tête de pupitres faisant assauts de saine sonorité.
GC