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Chroniques
Federico Maria Sardelli dirige Modo Antiquo
Georg Friedrich Händel | Ariodante (version de concert)
Ayant inscrit à son programme pas moins de trente-cinq des opéras et oratorios händéliens, depuis Messiah donné dès 1987, le Festival international d'opéra baroque de Beaune ne pouvait pas laisser passer le deux-cent-cinquantième anniversaire de la mort du plus anglais des compositeurs allemands sans célébrer la chose à sa façon. Quatre opéras de Georg Friedrich seront donc présentés cet été, en version de concert. Cette tétralogie s'ouvre avec Ariodante, véritable apothéose lyrique et stylistique du musicien.
Lurcanio aime Dalinda, qui aime Polinesso qui aime Ginevra qui, pour sa part, aime Ariodante… On l'aura compris, quoique puisé dans un épisode de l'Orlando furioso de L'Arioste, le livret accumule les intrigues parallèles et les conventions de l'opera seria de l'époque, en une véritable chaîne passionnelle, occasion d'une superbe (et très longue) brassée d'arie (avec reprise obligée) et de quelques rares duetti.
Très à l'aise dans ce répertoire, attentif aux nuances comme expert dans l'art de jouer et de jongler avec les timbres, le jeune chef Federico Maria Sardelli amalgame avec brio les divers pupitres de son orchestre Modo Antiquo dont il tirant des beautés de couleur, de chaleur, de cohésion et de musicalité. Il a visiblement plus de mal à homogénéiser une distribution vocale souvent convaincante mais faite d'individualités fortement marquées, dans leur style… qui n'est pas forcément celui requis en la matière.
Manquant un peu de présence scénique et après des débuts un rien voilés, le mezzo-soprano Ann Hallenberg défend néanmoins avec musicalité l'écrasant rôle éponyme, jusqu'aux splendeurs de l'aria final, Dopo notte altra e funesta, tout de bravoure et de virtuosité. On ne peut pas dire que sa collègue, le soprano canadien Karina Gauvin (Ginevra), manque de présence scénique, mais on regrette une émission inégale sur l'étendue du registre, dure et abrasive dans l'aigu, entachée d'un vibrato trop souvent indiscret. Quant à la voix de Jaël Azzaretti (Dalinda), qui chante tout à la fois Bizet, Auber et Strauss (Johann), elle manque de la ductilité requise par ce répertoire.
Les compagnons de ces dames offrent plus d'homogénéité stylistique, du contre-ténor Maarten Engeltjes (Polinesso) au ténor Krystian Adam (Lurcanio), en passant par la solide basse Sergio Foresti donnant infiniment de relief au personnage du Roi.
GC