Chroniques

par gérard corneloup

ensemble RosaSolis
Magali Léger chante Händel

Collégiale Saint-Agricol, Avignon
- 28 janvier 2014
le soprano Magali Léger chante Händel avec l'ensemble RosaSolis
© dr

Dans la mémoire musicale collective, le nom de Georg Friedrich Händel est volontiers associé à ceux de grands opéras baroques et de tout aussi vastes partitions liturgiques largement développées, avec force « troupes » chorales. L’apparition des instruments « anciens », à la fin du siècle dernier, tout comme la redécouverte des partitions d’origine, on fait abandonner les adaptations postromantiques pour en revenir aux pièces originales. Mais les pages plus intimistes, surtout profanes, généralement de jeunesse et pour petit effectif, n’encombrent point pour autant les programmations, d’où l’intérêt de ce concert donné dans le cycle Musique sacrée en Avignon, en liaison avec l’Opéra Grand-Avignon, dans l’une des nombreuses églises de la cité des papes, la Collégiale Saint-Agricol bâtie dès le VIIe siècle. Ce cadre s’avère fort adéquat, malgré un taux d’hydrométrie redoutable, peu favorables aux instruments à cordes.

Händel intime donc, puisque joué par quatre instrumentistes de l’ensemble RosaSolis, formation de chambre crée en 2003 par de jeunes musiciens diplômés de CNR de Paris et de Lyon, autour du soprano Magali Léger, laquelle débuta pour sa part au CNSM de Paris puis à l’atelier lyrique de l’Opéra de Lyon. Händel sacré, d’abord, avec un Gloria, un Salve Regina et surtout une rareté : le motet Coelestis Dum Spirat Aura écrit en 1707 par un jeune homme de vingt-deux ans, à l’intention de son mécène de l’époque, lors de son séjour en Italie. Un petit bijou serti au cœur du chant développé par la voix, son timbre exquis, sa volubilité jamais excessive et bien maîtrisée, son chant fort bien mené, bénéficiant d’un continuo complice de la meilleure eau qui associe Nicolas Crnjanski au violoncelle et Julie Blais à l’orgue positif et au clavecin.

Händel profane, ensuite, et tout aussi mal connu, avec deux pièces puisées dans lesSonates en trio Op.2 (en l’occurrence la Huitième et la Cinquième), parues en version originale à Amsterdam vers 1731. Une suite de petites séquences du plus bel effet, alternant avec aisance mouvements rapides, rappelant avec brio les opéras du maître saxon, et mouvements lents, apaisés et apaisants, parfois fort bien fugués ; sans oublier des mouvements de danse où la sarabande le dispute à l’allemande et la passacaille à la bourrée.

GC