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Chroniques
création d’Ius lucis de Valerio Sannicandro
Ouverture de la nouvelle édition du festival Agora à l’Ircam, ce mercredi, par un concert pas comme les autres où l’on entendra Varèse et la création d’une pièce conséquente réalisée in loco. En intitulant cette nouvelle traversée du printemps parisien Utopia/Exotica, Frank Madlener, directeur de l’Institut, entend explorer des territoires intérieurs prétendument improbables et les confronter à la distance, à l’ex-térieur, comme en témoigne une programmation qui croise les sources, les genres et les inspirations sans absorber la mire du projet.
En 2004, le comité de lecture de l’Ensemble Intercontemporain et de l’Ircam a retenu la pièce d’un jeune musicien italien, Valerio Sannicandro [photo], élève du cursus de composition et d’informatique musicale depuis un an. Ius lucis, est conçu pour deux ensembles situés dans deux salles. Aussi propose-t-on au public le choix d’un ordre d’approche, partant que l’Ensemble 1, constitué de quelques instrumentistes (alto, violoncelle, hautbois/cor anglais, clarinette en si et clarinette basse, deux trombones ténor-basse/tam-tams), opère à l’Espace de projection de l’Ircam, tandis que l’Ensemble 2, développant un plus large effectif (une quinzaine de postes), se produit dans la Grande salle du Centre Pompidou.
Quant à nous, c’est par sa partie a priori la plus visible, soit l’Ensemble 2, disposé frontalement au public et dirigé par François-Xavier Roth, que nous découvrons ce palindrome. Tout au long d’une déambulation d’une demi-heure discrètement articulée, jamais spectaculaire, l’écoute est brouillée par l’intervention de sons émis ailleurs et travaillés ici, sorte d’ombres dont on devine qu’elles ont cependant leur vie propre. À l’entracte, avec cette soif que seules les énigmes commandent, nous gagnons l’Ensemble 1, conduit par Clément Power. Les instruments encerclent l’auditoire, de sorte qu’au cœur de la matière sonore il se trouve soudain stimulé dans un effort de mémoire qui tend à replacer tout ce qu’il perçoit dans ce qu’il croit avoir perçu juste avant. Immanquablement, cette pièce connaît ainsi autant de versions qu’elle abreuve de spectateurs, de sorte que jamais elle ne se fixe, la sélection inconsciente de certains traits par le souvenir, l’inévitable oubli de certains autres, dessinant d’innombrables parcours dont le mal-entendu sera le père.
Cette première était précédée d’une exécution privilégiant la clarté sur l’impact des Intégrales de Varèse, et suivie par la projection du rare Poème électronique dont il réalisa la bande magnétique à Eindhoven en 1958 pour les images de Le Corbusier, projetées au Pavillon Philips de l’Exposition Universelle de Bruxelles.
BB