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Chroniques
clôture du festival par Guillaume Coppola et Philippe Cassard
Laurent Campellone dirige son Orchestre symphonique de Saint-Étienne
Pour la onzième fois, la scène musicale stéphanoise fait la part belle au piano, via son festival Piano Passion, égrainant devant un large public local et rhônalpin toute une pléiade de pièces pour clavier, aussi bien en solo qu’accompagnées par l’orchestre, les grands et célèbres « anciens » côtoyant les « petits nouveaux ».
Le concert de clôture théorise parfaitement la chose, avec pas moins que quatre partitions, deux solistes de générations différentes, l’Orchestre symphonique de Saint-Étienne et son directeur musical, le chef Laurent Campellone. Du côté des solistes, c’est l’occasion de réentendre ou de découvrir un jeune musicien, une musicalité extrême, une aisance souveraine, mis à disposition d’un grand et redoutable jalon de l’art pianistique concertant : la fameuse Totentanz S.126 de Ferenc Liszt – plus qu’un jalon : une véritable course poursuite entre le piano et « les autres », un exercice quasi aussi physique que pianistique. Bref, un combat dont Guillaume Coppola sort vainqueur, et Liszt avec lui ! Certes, la personnalité devra encore plus s’affirmer, une véritable « signature » se créer, mais je jeu de l’artiste, peu aidé par un instrument sans clarté, développe un assemblage aussi heureux que constant et varié entre les grandes envolées lyriques, les sons marqués, les demi-teintes moirées, la variation des couleurs.
Autre excellent moment : l’interprète exécute superbement une rareté, la version pour piano de Jack in the box d’Erik Satie, pièce toute imprégnée de rythmes populaires, avant que l’orchestre ne joue la version symphonique de cette même page, imaginée par Darius Milhaud. Une approche frémissante de vie, sous la baguette du maestro Campellone.
Ce second volet, très applaudi par un public visiblement séduit, phagocyte littéralement les deux pièces données en première partie. Tout d’abord la resplendissante Grande Pâque russe Op.36 de Rimski-Korsakov, prenant volontiers les musiciens stéphanois au dépourvu (en particulier les cors) ; ensuite la (pourtant) superbe Symphonie dite « Cévenole » sur un chant montagnard Op.25 de Vincent d’Indy, pilier de la musique français injustement négligé de nos jours. Par une technique sans faille, mais peu d’allant, pas assez de panache, le piano de Philippe Cassard ne sort pas de sa partie la flamme communicative que possède la partition – dommage, mais peut-être le piano y est-il pour quelque chose…
GC