Chroniques

par laurent bergnach

Ashes
chorégraphie de Koen Augustijnen

Théâtre des Abbesses, Paris
- 12 mars 2009
Ashes, chorégraphie de Koen Augustijnen
© dr

Depuis bientôt vingt ans, Koen Augustijnen (né en 1967) se consacre à la danse, acquérant la majeure partie de son expérience avec les Ballets C de la B (fondés par Alain Platel) dont il devient membre chorégraphe en 1997. Pour son troisième spectacle présenté au Théâtre de la Ville, le Belge offre comme cadre à huit danseuses et danseurs le décor du plasticien et scénographe Jean Bernard Koesman : un agglomérat de volumes qui s'apparente à une cabane (de plage ou de jardin) décentrée que surplombe une terrasse aux allures de bunker – terrasse dont le sol, servant de plafond à une pièce en rez-de-chaussée, n'est autre qu'un trampoline qui va permettre de jouer avec bien des registres émotionnels. Quand ils ne sont pas jetés à terre, cette verticalité des murs importe pour des corps qui, outre s'y cogner ou, au contraire, y prendre appui, grimpent régulièrement vers les cimes, comme en quête de lumière – ou encore d'espace, car la scène parait souvent exigüe pour les mouvements d'ensemble.

« Nous sommes tous plus ou moins à mi-chemin dans notre vie, confie le décorateur ; c'est là qu'on accepte finalement que l'existence n'est pas uniquement insouciante ou pas uniquement terrible. C'est choses-là existent côte à côte. Notre capacité à nous réinventer en dit long sur la tonicité de l'existence humaine. » Par son titre évoquant la fugacité et la transformation, Ashes illustre cette croyance puisque il mêle divers états d'âme, de la frayeur à la tendresse amoureuse ; parfois teintés d'humour, l'égarement et la douleur n'y sont jamais définitifs, et trouvent un réconfort dans le soutien collectif. Cette danse dynamique, voire acrobatique, ne rejette pas le sentiment ou le langage parlé, exploite et sublime des anormalités – l'Antillaise callipyge ou la Femme-liane.

D'Alcina à Orlando, Händel a maintes fois exploré la douleur et la douceur, la fantaisie et la folie de l'âme humaine. Usant d'énergie et de transparence, son art accompagne la danse grâce au violon, au luth, au violoncelle, mais aussi à l'accordéon et au marimba qui apportent des vibrations nouvelles à une musique intemporelle. Une dizaine d'airs connus ponctuent le spectacle – Stille amare (Tolomeo), Io t'abbraccio (Rodelinda), Cara Sposa (Rinaldo), etc. –, portés par la voix sonore et chaleureuse du soprano Irene Carpentier et par celle de Steve Dugardin qui possède une grande souplesse d'émission, à défaut de la brillance dont jouissent d'autres alti masculins.

LB