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Chroniques
Лебединое озеро | Le lac des cygnes
ballet de Piotr Illich Tchaïkovski
Ballet mythique du répertoire classique, symbole d'un amour rêvé et inaccessible, Le Lac des Cygnes a donné lieu à de nombreuses interprétations chorégraphiques et psychanalytiques. À l'occasion du réveillon du jour de l'an, le Corps de Ballet de l'Opéra national de Paris a rendu hommage à la production de Rudolf Noureev (1984), inspirée de celles de Marius Petipa (acte I et III) et Lev Ivanov (II et IV).
Le rideau s'ouvre sur la fête d'anniversaire du Prince Siegfried – Nicolas Le Riche – et la musique de Tchaïkovski. Les danses sont interrompues par l'arrivée de sa mère qui lui rappelle qu'il est en âge de se marier. Elle prévoit d'organiser un grand bal pour qu'il choisisse une fiancée. Mais le Prince n'est pas pressé et préfère aller chasser. En arrivant au bord du Lac, alors qu'il s'apprête à tirer, il se rend compte que les cygnes ne sont autres que des jeunes filles parmi lesquelles Odette – Marie-Agnès Gillot –, victime du sortilège du magicien Rothbart, ne pourra reprendre forme humaine que si un homme s'engage à lui rester fidèle. Séduit, Siegfried lui jure de l'aimer à jamais. Durant le bal donné en son honneur, le prince ne cesse d'être hanté par l'image d'Odette et ne prête attention aux invitées. Déguisé en gentilhomme, Rothbart y accompagne sa fille Odile qui a pris l'apparence d'Odette. En dansant à ses côtés, Odile finit par ensorceler le prince qui lui déclare sa flamme. En proie à la plus vive douleur, Odette apparaît à l'une des fenêtres du château. Aussitôt, le prince Siegfried se rend sur les bords du lac pour implorer son pardon mais il est trop tard. Rothbart s'envole avec Odette pendant que ce dernier péri dans une tempête. Le rêve est brisé… à jamais !
On remarquera une fois de plus la technique époustouflante de Marie-Agnès Gillot : une souplesse incroyable, des équilibres tenus avec aisance, un sens profond de la musique. Le défi des trente-deux tours fouettés a brillamment été relevé. Il est cependant à noter qu'elle est plus à l'aise dans le rôle d'une Odile fougueuse que dans celui d'Odette. Toute la difficulté de ce double rôle oppose en effet le cygne blanc au cygne noir et, de ce fait, des scènes lyriques au bord du lac en passant par l'adage romantique de l'acte II au fameux pas de deux du cygne noir.
Quintessence du ballet, l'acte II nous offre un moment de pure beauté avec les gracieuses ondulations des ballerines transposées en cygnes et leurs alignements disciplinés. Interprétée par Dorothée Gilbert, Myriam Ould-Braham, Mathilde Froustey et Céline Palacio, la danse des quatre petits cygnes a obtenu l'ovation du public. On doit saluer l'endurance de Nicolas Le Riche pour son interprétation du prince qui demande autant de qualités techniques qu'expressives, lui pardonnant certaines mauvaises réceptions de sauts. Quant à lui, Karl Paquette est très convaincant en Rothbart et Wolfgang.
Particulièrement dans le deuxième acte, la prestation de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris, dirigé par Vello Pähn, a été des plus émouvantes. L'intensité dramatique de la partition battait son plein durant le pas de deux du troisième acte. Saluons également l'à-propos des danses hongroise et napolitaine. Pour le lyrisme de ses mélodies et la virtuosité des danseurs, Le Lac des Cygnes est un ballet à ne pas manquer !
MS